1.31.2013

Harmonie





Harmonie ma toute bête
Harmonie chante à tue-tête
Devant des milliers de rats errant dans ses toilettes
Devant des milliers de plats de fantômes et d’assiettes
Harmonie fumant sa première cigarette
Dans son lit
Dans sa vie sans joie sans plis sans fête
Devant des milliers de murs d’amours aux oubliettes
Elle chante pour se sentir nue et nager dans sa tête
Harmonie mon ange ma petite blondinette
Reste ici reste en toi et jamais ne t’arrête
D’être telle que tu es là de chanter faux d’exister à tue-tête
Comme si ta voix était ta peau ton abris ta cachette
Harmonie ma toute bête
Harmonie il pleut sur tes pommettes 

1.30.2013

Un galet (lo-i hot & vicious part 1 dude)




Malgré la chaleur tendre de ta chatte
malgré toutes ces fois où tu t'échappes
où l'on te frappe 
animalement lorsque tu jappes 
à en perdre dignité
malgré la chaleur tendre de l'été
tu deviens froide à en crever
tu deviens vierge et de rêver
tu n'arrêtes pas
tu n'arrêtes pas
et on dirait
lorsqu'on t'éventre animalement
que tu enfantes des crachats
des jets de sang
et de petits poèmes à essuyer
qui partent 
avec un peu d'eau et quelques tartes
malgré la chaleur tendre de ta chatte
tu deviens vierge à coups de battes
tu touches le fond tu jouis en regardant le nord
et tu les mords animalement
tous ces salauds
tous ces connards qui partent à l'eau
tu deviens froide à en crever
plus distante qu'un plan épargne retraite
lorsqu'on te traite
de pute
ou de garage à bites
il y a toujours derrière toi cette petite musique
qui dit comme ça je suis je fonds
je fonds je suis je suis bonbon sous un palais
je serai vierge et aussi sourde qu'un galet

1.20.2013

Toiles 2X12 & new stuff


regarde où tu marches !






Premiers pas d'un ciel d'automne







Vue





African baby blue



1.18.2013




affichant bronzage impeccable sur idées noires
lune pâle sur bassin terrible de zouk-machine
je m'appelle pierre anselmet
love

1.09.2013

Les nuages







Ça commence par une respiration, hachée mais tranquille,
aérée,
par un doigt posé sur le front, dessinant de lentes arabesques.
Ça commence par le doigt par la paume et par la respiration de sa mère, quelque part entre l'éveil et le sommeil. Quelque part mais tout près de lui, son haleine et l'odeur de sa peau.
Ça commence par lui la tête posée sur les cuisses de sa mère, lui l'enfant d'elle, elle la mère de lui, les deux visages sont tournés l'un vers l'autre.
L'un pour l'autre présents.
Les deux visages entre l'ombre et la lumière.


maman tu m'en veux?


hier il a laissé tomber sa couette du haut du lit
superposé, il avait froid, il a dû descendre et affronter tout ce noir.
La peur lui nouait les tripes, il ne savait pas dire de quoi
mais il avait peur. Le noir n'a pas de forme. Le noir c'est l'inconnu et
c'est comme si sa couette était tombée dans un autre pays.
Il a pris sa couette et vite vite il est remonté et puis il s'est enveloppé serré fort et n'a laissé dépasser que son nez. Son cœur battait toujours mais il n'aurait su dire
s'il était mort ou vivant.


de quoi mon chéri?



hier elle a reçu ce coup de fil. Elle a répondu et c'était le Blond. Le Blond qui gueulait. Le Blond bourré. Qui la menaçait de venir pour tout casser.
Elle lui a calmement interdit de venir, l'a laissé postillonner ses menaces
et sa virilité
puis elle a raccroché.
Ensuite, elle a fermé tous les volets de la maison, elle a verrouillé la porte d'entrée, elle est allée mettre de l'eau à bouillir puis s'est assise sur une chaise du salon, très droite, les mains posées
sur ses jambes resserrées. Et puis elle a fait silence, dans le noir, elle a fermé les yeux en attendant l'orage


ben je sais pas moi... de tout.


il s'est réveillé tout mouillé. S'est rendu vite compte qu'il avait fait pipi au lit.
Comme à chaque fois. Comme
toutes les nuits et, comme toutes les nuits, il a eu peur d'être engueulé. Il ne comprenait rien à elle, sauf sa peau et son odeur. Ça c'était vrai. Il était sûr de sa peau, de son odeur, de ses cheveux.
Mais le reste, il ne comprenait pas. Parfois quand il pleurait, elle se mettait en colère, d'autres fois il riait et elle se mettait à le consoler. Il avait faim, elle le mettait sur le pot. Soif, elle le couchait.
Et là... maintenant qu'il
avait fait pipi
au lit? Qu'allait-elle dire? Il s'attendait au pire. Le pire c'était quand elle le regardait un peu, puis se détournait sans un mot. Le pire c'est quand il n'existait pas.


non. Non je ne t'en veux pas de tout.
Tout ce qui est s'est bonnement fait.
Il ne faut pas avoir peur.
Je te protège comme Dieu nous protège.
Il ne faut pas avoir peur.


l'eau était chaude à présent. Elle a sorti un sachet de thé. Elle a mis le sachet dans le bol l'eau dans le bol a pris le bol dans ses mains et l'a laissé tomber. Du coup secousse. Dans tout le corps.
Du coup secousse et cris a crié si fort
qu'il a sursauté est descendu de son lit trempé et a couru jusqu'au cri. Sa peau
ses bras
ses bras son odeur
son odeur ses cheveux
ses cheveux ses yeux son nez ses bras sa bouche et ses doigts
son ventre et ses jambes et ses pieds et ses
cheveux son nez son rire oh ses yeux noirs tout ça toute cette peau
toutes ces oreilles devant lui, toute cette mère recroquevillée
par terre, devant lui.
Elle a levé la tête et l'a regardé droit dans les yeux. Elle tremblait. Son corps s'est relâché un peu, elle a lâché un pet puis a commencé à s'uriner dessus. Tout en marmonnant des mots qu'il ne pouvait pas comprendre.
Alors il a ri (pour le pet).
Puis il a pleuré (pour le reste)
Et dans cette petite maison aux volets clos, dans cette cuisine mal éclairée, dans ce monde clos, dans son corps à lui, dans son corps à elle, tout s'est mis à bouillir, monter, crever les plafonds et les torses, monter encore, toujours plus, monter jusqu'au ciel béant, et tout s'est soudainement illuminé, l'ombre de lui de elle de tout cet amour de toute cette
violence de toutes ces colères tout a soudain mué
et s'est changé en lumière.


d'accord maman. Je t'aime.
Dis...
Qui s'occupe de Dieu?
C'est qui qui le protège quand il a peur?


les nuages

1.08.2013

Clara






Descendant doucement ses escaliers de porcelaine
Clara fille de neige à la frimousse un peu triste
aux gestes mesurés à la démarche sereine
descendant lentement ses escaliers de porcelaine
Clara s'anime un peu et sourit doucement
comme se dévêt une reine
comme se découvre un émoi
en marge d'une promesse
au profond d'un iris d'un regard qui s'en va
comme on s'enfuit par la fenêtre
ne laissant derrière soi
que l'ombre d'une voix comme on apprend à se taire
Clara danse en secret au large d'un mystère
qu'on appelle éclater
rire
rire aux éclats
et l'on dit bien d'elle qu'elle est douce
et qu'elle est calme et qu'elle est belle
on ne peut que faillir en voyant sa frimousse
les doux yeux de Clara de Clara fille de neige
qui veut rire aux éclats
qui rêve comme on respire
descendant lentement ses escaliers de porcelaine
Clara lâche un soupir
et pour la main de sa mère construirait un empire
un château une terre d'exil
avec son petit corps encore enfant 
avec son buste fin fragile
Clara rêve
et seul reste présent reste là devant nous
le mouvement léger 
le léger mouvement de ses cils nus
battant comme un coeur et donnant sens aux choses 
aux gestes aux mots au chant violent 
de l'inconnu


1.05.2013


nous passions 
sous les nuages et ceux-ci 
passaient aussi et la terre tournait 
inlassablement et nos épaules montaient 
puis descendaient et nous respirions et tout était 
en mouvement lorsque je pris ta main lâchant
ainsi une feuille de papier à rouler qui s'envola 
joua un peu avec le vent et finit par se 
poser sur une gouttière sans doute 
se demandant et maintenant 
que vais-je faire tout était 
possible et tout 
changeait 

et j'eus soudain l'impressions 
de rouler mes clopes 
avec des ailes de papillons

et j'eus soudain l'impres-sion
que ces passages incessants
signaient la fin de ce qui cesse
signaient la fin
du dernier monde connu