Malgré la chaleur tendre de ta chatte malgré toutes ces fois où tu t'échappes où l'on te frappe animalement lorsque tu jappes à en perdre dignité malgré la chaleur tendre de l'été tu deviens froide à en crever tu deviens vierge et de rêver tu n'arrêtes pas tu n'arrêtes pas et on dirait lorsqu'on t'éventre animalement que tu enfantes des crachats des jets de sang et de petits poèmes à essuyer qui partent avec un peu d'eau et quelques tartes malgré la chaleur tendre de ta chatte tu deviens vierge à coups de battes tu touches le fond tu jouis en regardant le nord et tu les mords animalement tous ces salauds tous ces connards qui partent à l'eau tu deviens froide à en crever plus distante qu'un plan épargne retraite lorsqu'on te traite de pute ou de garage à bites il y a toujours derrière toi cette petite musique qui dit comme ça je suis je fonds je fonds je suis je suis bonbon sous un palais je serai vierge et aussi sourde qu'un galet
Ça commence par une respiration, hachée mais tranquille,
aérée,
par un doigt posé sur le front, dessinant de lentes arabesques.
Ça commence par le doigt par la paume et par la respiration de sa mère, quelque
part entre l'éveil et le sommeil. Quelque part mais tout près de lui, son
haleine et l'odeur de sa peau.
Ça commence par lui la tête posée sur les cuisses de sa mère, lui l'enfant
d'elle, elle la mère de lui, les deux visages sont tournés l'un vers
l'autre.
L'un pour l'autre présents.
Les deux visages entre l'ombre et la lumière.
maman tu m'en veux?
hier il a laissé tomber sa couette du haut du lit
superposé, il avait froid, il a dû descendre et affronter tout ce noir.
La peur lui nouait les tripes, il ne savait pas dire de quoi
mais il avait peur. Le noir n'a pas de forme. Le noir c'est l'inconnu et
c'est comme si sa couette était tombée dans un autre pays.
Il a pris sa couette et vite vite il est remonté et puis il s'est enveloppé
serré fort et n'a laissé dépasser que son nez. Son cœur battait toujours mais
il n'aurait su dire
s'il était mort ou vivant.
de quoi mon chéri?
hier elle a reçu ce coup de fil. Elle a répondu et c'était le Blond. Le
Blond qui gueulait. Le Blond bourré. Qui la menaçait de venir pour tout
casser.
Elle lui a calmement interdit de venir, l'a laissé postillonner ses menaces
et sa virilité
puis elle a raccroché.
Ensuite, elle a fermé tous les volets de la maison, elle a verrouillé la porte
d'entrée, elle est allée mettre de l'eau à bouillir puis s'est assise sur une
chaise du salon, très droite, les mains posées
sur ses jambes resserrées. Et puis elle a fait silence, dans le noir, elle a
fermé les yeux en attendant l'orage
ben je sais pas moi... de tout.
il s'est réveillé tout mouillé. S'est rendu vite compte qu'il avait fait
pipi au lit.
Comme à chaque fois. Comme
toutes les nuits et, comme toutes les nuits, il a eu peur d'être engueulé. Il
ne comprenait rien à elle, sauf sa peau et son odeur. Ça c'était vrai. Il était
sûr de sa peau, de son odeur, de ses cheveux.
Mais le reste, il ne comprenait pas. Parfois quand il pleurait, elle se mettait
en colère, d'autres fois il riait et elle se mettait à le consoler. Il avait
faim, elle le mettait sur le pot. Soif, elle le couchait.
Et là... maintenant qu'il
avait fait pipi
au lit? Qu'allait-elle dire? Il s'attendait au pire. Le pire c'était quand elle
le regardait un peu, puis se détournait sans un mot. Le pire c'est quand il
n'existait pas.
non. Non je ne t'en veux pas de
tout.
Tout ce qui est s'est bonnement fait.
Il ne faut pas avoir peur.
Je te protège comme Dieu nous protège.
Il ne faut pas avoir peur.
l'eau était chaude à présent. Elle a sorti un sachet de thé. Elle a mis le
sachet dans le bol l'eau dans le bol a pris le bol dans ses mains et l'a laissé
tomber. Du coup secousse. Dans tout le corps.
Du coup secousse et cris a crié si fort
qu'il a sursauté est descendu de son lit trempé et a couru jusqu'au cri. Sa
peau
ses bras
ses bras son odeur
son odeur ses cheveux
ses cheveux ses yeux son nez ses bras sa bouche et ses doigts
son ventre et ses jambes et ses pieds et ses
cheveux son nez son rire oh ses yeux noirs tout ça toute cette peau
toutes ces oreilles devant lui, toute cette mère recroquevillée
par terre, devant lui.
Elle a levé la tête et l'a regardé droit dans les yeux. Elle tremblait. Son
corps s'est relâché un peu, elle a lâché un pet puis a commencé à s'uriner
dessus. Tout en marmonnant des mots qu'il ne pouvait pas comprendre.
Alors il a ri (pour le pet).
Puis il a pleuré (pour le reste)
Et dans cette petite maison aux volets clos, dans cette cuisine mal éclairée,
dans ce monde clos, dans son corps à lui, dans son corps à elle, tout s'est mis
à bouillir, monter, crever les plafonds et les torses, monter encore, toujours
plus, monter jusqu'au ciel béant, et tout s'est soudainement illuminé, l'ombre
de lui de elle de tout cet amour de toute cette
violence de toutes ces colères tout a soudain mué
et s'est changé en lumière.
d'accord maman. Je t'aime.
Dis...
Qui s'occupe de Dieu?
C'est qui qui le protège quand il a peur?
Clara fille de neige à la frimousse un peu triste aux gestes mesurés à la démarche sereine descendant lentement ses escaliers de porcelaine Clara s'anime un peu et sourit doucement comme se dévêt une reine comme se découvre un émoi en marge d'une promesse au profond d'un iris d'un regard qui s'en va comme on s'enfuit par la fenêtre ne laissant derrière soi que l'ombre d'une voix comme on apprend à se taire Clara danse en secret au large d'un mystère qu'on appelle éclater rire rire aux éclats et l'on dit bien d'elle qu'elle est douce et qu'elle est calme et qu'elle est belle on ne peut que faillir en voyant sa frimousse les doux yeux de Clara de Clara fille de neige qui veut rire aux éclats qui rêve comme on respire descendant lentement ses escaliers de porcelaine Clara lâche un soupir et pour la main de sa mère construirait un empire un château une terre d'exil avec son petit corps encore enfant avec son buste fin fragile Clara rêve et seul reste présent reste là devant nous le mouvement léger le léger mouvement de ses cils nus battant comme un coeur et donnant sens aux choses
aux gestes aux mots au chant violent
de l'inconnu
1.05.2013
nous passions
sous les nuages et ceux-ci
passaient aussi et la terre tournait
inlassablement et nos épaules montaient
puis descendaient et nous respirions et tout était